Écrit par Laura Chatelain. Publié le 30/12/2021
Elle renforce l’activité du système parasympathique, qui abaisse le rythme cardiaque et la pression artérielle. "Il est possible d’observer des bénéfices sur le bien-être, ne serait-ce qu’avec dix minutes de méditation chaque jour, à condition bien sûr de pratiquer régulièrement", assure le Dr François Bourgognon, psychothérapeute. Ainsi, l’utilisation quotidienne d’une application de méditation améliore certains marqueurs du stress tels que le taux de cortisol. Des scientifiques américains ont suivi 64 patients en pré hypertension, qui avaient recours à la méditation via une appli sur leur smartphone pendant cinq à quinze minutes, deux fois par jour. La baisse de leur pression systolique était manifeste au bout d’un mois, ce qui leur permettait par exemple de passer de 13/9 à 12/9 de tension.
"Un des problèmes majeurs dans les troubles psychiques est de vouloir éviter ou contrôler ses émotions. La méditation permet d’apprendre à les observer et à les accepter", indique le spécialiste. C’est par exemple un excellent outil si on a déjà fait plusieurs dépressions : les études montrent qu’elle est aussi efficace pour prévenir les rechutes que de continuer à prendre un traitement antidépresseur, avec 50 % de récidive en moins au bout de deux ans. Et qu’elle contribue à alléger sa consommation de médicaments, voire à s’en passer totalement. Mais attention, on ne se met jamais à méditer en pleine dépression, "tout comme on n’apprend pas à nager en pleine tempête, car cela demande un apprentissage et des ressources suffisantes", met en garde le Dr Bourgognon. Grâce à la méditation, on acquiert aussi plus de contrôle, on consomme moins de substances, tant que l’on poursuit la pratique. On apprend par exemple à identifier l’émotion qui donne envie de fumer ou de boire, et à la ressentir sans chercher à la faire disparaître via l’alcool ou la cigarette. Des protocoles très codifiés ont été établis, avec le plus souvent une séance hebdomadaire de méditation en groupe pendant huit semaines, complétée par un entraînement quotidien de trente à quarante-cinq minutes à la maison. Pour la cigarette, la méditation donnerait en moyenne 36 % d’arrêt après un mois et 31 % à quatre mois.
"Lorsqu’on souffre, on a tendance à se focaliser sur la douleur et à entrer en conflit avec elle. La méditation aide à l’accepter et à lui faire une place pour que, paradoxalement, elle prenne moins de place. On observe une amélioration significative sur les scores de douleur", détaille le psychiatre. Elle permet d’améliorer la qualité de vie, le sommeil et de prendre moins d’antalgiques.
Pratiquer régulièrement la méditation peut aussi aider à échapper au Covid ou à la grippe cet hiver, car le lien est démontré entre niveau élevé de stress et baisse de l’immunité. À l’inverse, des chercheurs ont observé une augmentation de la production d’anticorps chez des méditants réguliers.
Pour réguler le stress ou des douleurs légères, une appli de méditation guidée comme Calm, Headspace (qui a fait l’objet de plusieurs études scientifiques) ou Namatata suffit. Elles proposent toutes quelques jours d’essai gratuit. "Mais à partir du moment où il y a une vraie pathologie (douleur chronique, trouble psychiatrique, etc.), mieux vaut se tourner vers un professionnel de santé (médecin, infirmier, psychologue...) qui intègre la méditation dans sa pratique", conseille le Dr Bourgognon. Car en cas de fragilité ou de traumatisme, méditer seul peut déstabiliser et déclencher par exemple des crises d’angoisse.